Habiter dans le Sud de la France, c’est beaucoup de plaisir et quelques contraintes. Les fortes chaleur, la gestion de l’eau, etc. sont autant de spécificités locales à prendre en compte dans un projet de rénovation ou de construction. Les bonnes pratiques qui font une maison écoperformante ne sont pas les mêmes à Paris qu’à Marseille.
Trois pistes pour bâtir ou rénover dans le Sud, sans se tromper ni gaspiller
Dans le Sud de la France, une maison bien pensée et bien construite protégera des chaleurs estivales en offrant un excellent confort d’été et une climatisation naturelle. Elle s’orientera pour tourner le dos à ce mistral qui peut souffler pendant près d’un tiers de l’année. Econome et bien isolée, elle saura s’adapter à l’habitude d’ouvrir les fenêtres et à un mode de vie tourné vers l’extérieur. Les matériaux ne seront pas employés de la même manière selon que l’on se trouve à l’intérieur des terres ou en bord de mer. Mais partout, on fera en sorte que balcons, terrasses et jardins s’épanouissent sans apports d’eau excessifs. Ceci et quelques autres critères sont essentiels lorsque l’on veut bâtir ou aménager au Sud, en suivant des principes d’écologie raisonnée.
Priorité au confort d’été
Avec 2500 à 2900 heures de soleil par an, l’ensoleillement en PACA est de 20 % supérieur à la moyenne nationale. C’est dire l’intérêt des solutions en énergies solaires , mais aussi l’importance du confort d’été. On a coutume de le définir par une ambiance intérieure relativement fraîche (entre 22 et 28°) et stable malgré les variations de températureentre le jour et la nuit. Le dispositif optimal combine une orientation et des surfaces de vitrage judicieuses, une excellente isolation de la toiture et des murs, des protections solaires adaptées, un système alliant les ventilations naturelle et mécanique, et quelques réflexes, comme celui de fermer fenêtres et volets la journée pour les ouvrir la nuit.
A l’intérieur des terres, les amplitudes de température jour/nuit sont plus fortes qu’en bord de mer. S’imposent donc des matériaux à forte inertie thermique, qui stockent la fraîcheur nocturne. On les répartira en surface au sol ou au mur, ou bien ils seront partie prenante des structures. Attention : dans cette maison parfaitement isolée, on surestime souvent les besoins en chauffage et le dimensionnement de l’installation.
Vous avez dit local ?
Pour une maison saine adaptée à son environnement, rien de tel que des matériaux bio-sourcés de proximité. Les propriétés isolantes (en finition) de l’alliance classique brique de terre cuite mince et couche d’enduit à la chaux sont démontrées. La fibre de bois et la ouate de cellulose ne sont pas très locales, mais des distributeurs engagés vendent ces isolants devenus incontournables.
L’ossature bois, en structure, mais aussi certains bardages, peuvent puiser dans les ressources en pin douglas des Cévennes proches, en mélèze des départements alpins de PACA, en cèdre du Luberon. Expérimentaux mais à surveiller : les développements en briques de terre crue, pailles de lavandes et de chanvre, proposés par les agriculteurs du Parc naturel régional du Luberon, l’utilisation des roseaux de Camargue, et la constitution d’une vraie filière de construction paille, basée dans les Hautes-Alpes voisines. Côté déco, ocres et chaux provençales libèrent la créativité sur les murs…
Gérer son eau
En terrasse et au jardin, on évite les bambous séduisants mais tellement assoiffés (ou alors on prend conseil à la Bambouseraie d’Anduze), et l’on redécouvre les plantes rustiques des climats méditerranéens en s’inspirant des merveilleux assemblages du Domaine du Rayol. Pour arroser, on récupère l’eau de pluie. Les plus engagés installeront un système de phytoépuration des eaux usées et des toilettes sèches, pour un impact minimal sur l’environnement.
Lire également l’interview de Florence Rosa, vice-présidente de BDM